Le Canal de Berry

24/06/2025

Située en bordure de l'Aubois, la ville de Sancoins est directement concernée lorsque, début XIX ème siècle, le tracé d'un « Canal du Duc de Berry » est définitivement adopté. Ici, c'est la section nord- est de ce « petit canal en étoile à trois branches » qui traverse la commune, du sud au nord. Depuis l’écluse de Fontblisse (point zéro, commune de Bannegon), sur une cinquantaine de kilomètres, la « Troisième branche » longe le plus souvent la rivière, pour se connecter au canal latéral à la Loire à Marseilles les Aubigny, donnant ainsi accès aux réseaux d'Ile de France et du centre-est.

Depuis 1838-39, le « bief de Sancoins », en est le plus long, environ 17 km (et pour une grande partie, encore en eau) et constitue le bief supérieur ; de là, un souci constant de pouvoir y assurer des approvisionnements en eau suffisants, obstacle majeur à son fonctionnement, et qui n'a jamais vraiment été surmonté jusqu'au déclassement de Janvier 1955. Toutefois, l'objectif principal de la création de ce plus petit canal de France (gabarit de la péniche : 27m, 5 x 2 m 60 et 1,5 à 2 m de « bordée », le côté) est ici pleinement atteint. L'activité économique de la cité va, en effet, connaître son âge d'or jusqu'à la Grande Guerre, en particulier dans le domaine des industries de la terre cuite. Les (péniches) « Berrichonnes » apportent de Commentry (Allier) le charbon pour la cuisson des briques et tuiles. L'entreprise « Perrusson », détruite, occupait tout le site actuel du lotissement du Val d'Aubois sur la berge ouest. Les cales de petit tonnage (en moyenne 60 t, conséquence aussi du faible tirant d'eau d'1m 10), accueillent aussi la chaux, le ciment, les calcaires, les bois, les grains..

Le port de Sancoins est alors le plus actif des trois existants sur cette section du canal ; il se trouve pourvu d'une « demi- lune » qui autorise les retournements, d’une cale de radoub, encore en partie visibles (extrémité de l'aire des camping-cars). Aux abords, dans ce « quartier des ponts », deux chantiers de construction artisanale (Latte, Charbonnier) se développent jusque dans les années 30, de même que des commerces associés aux besoins des mariniers et de leur famille qui vivent à bord (dans des conditions sommaires) : cafés, auberges, « épiceries », commerces de bouche et boutiques diverses de quincaillerie où l'on s'approvisionne aussi en cordages et fourrage pour les mulets qui tractent l'embarcation, après-guerre, la motorisation, trop fragilisante pour les digues ne sera qu’exceptionnelle. 

C'est enfin à Sancoins qu'est créé un bureau d'immatriculation des bateaux, de leur jaugeage et d’attribution des certificats de circulation délivrés par les services des « Ponts et Chaussées ».

Aujourd'hui, le chemin de halage, largement préservé (itinéraire des G.R. 654 et Voie de Vézelay des Chemins de Compostelle), constitue une voie verte à vocation touristique que les collectivités locales ont commencé à valoriser par les aménagements progressifs d'un « Canal de Berry à vélo ». Celui-ci est « attendu » ici à l'horizon 2027 et viendra alors achever une connexion bienvenue avec une véloroute très fréquentée : « La Loire à vélo » (kilomètre zéro, à la confluence Loire /Allier, sur la commune de Cuffy). En attendant, promeneurs et pêcheurs empruntent ses berges ombragées.